On entend parfois dire qu’on ne sait pas vraiment quelle est la composition d’un eliquide, que c’est chimique, et que c’est peut-être dangereux. Certains le pensent même plus dangereux que le tabac, parce que ce n’est pas naturel.
Alors faisons le point sérieusement sur cette question.
La composition des eliquides
Les e liquides sont fabriqués dans des laboratoires, et leur composition est en fait très bien connue. C’est une base PG/VG à laquelle on ajoute des arômes dont on connaît les composants, et, éventuellement, de la nicotine.
La base
C’est l’essentiel du eliquide, c’est elle qui est vaporisée pour produire de la vapeur. Elle est composée d’un mélange de propylène glycol et de glycérine végétale.
Les arômes
Ils apportent une saveur agréable au eliquide, importante pour donner de l’intérêt à la vape et réussir son sevrage avec plaisir.
La nicotine
Tous les eliquides ne contiennent pas de nicotine. Seules les fioles de 10 ml peuvent en contenir. Dans la vape, la nicotine est utilisée pour aider les fumeurs à décrocher du tabac. Elle leur permet de ne pas ressentir de manque pendant leur sevrage , et apporte une sensation agréable de hit.
Enfin, certains fabricants ajoutaient parfois quelques traces d’eau (pour fluidifier le eliquide) ou d’alcool (pour renforcer le hit), mais cette pratique a quasiment disparu dans les eliquides actuels.
D’où vient la base des eliquides ?
Le propylène glycol est fabriqué par des procédés de chimie du carbone à partir de plantes ou de dérivés du pétrole, puis purifié par distillation.
Il sert par exemple d’humectant antibactérien pour limiter la déshydratation de nombreux produits : il retient l’eau. Il y en a par exemple dans le pain de mie, pour qu’il se conserve sans se dessécher (c’est le E-1520). Le propylène glycol aussi utilisé en cosmétique, en pharmacie pour transporter des molécules actives, ou pour faire du brouillard dans les salles de spectacle. Il est parfois utilisé pour faire des antigels non toxiques, et comme émulsifiant de sauces dans l’agroalimentaire.
La glycérine végétale est produite à partir d’huiles végétales (de colza par exemple), dans les mêmes procédés que la fabrication des bio carburants. En effet, en fabriquant un biocarburant ou du savon, on produit en même temps de la glycérine. Elle est ensuite purifiée dans des laboratoires pharmaceutiques, et employée dans un grand nombre d’applications en pharmacie. Ses applications sont innombrables, par exemple comme support d’antibiotiques, ou comme base de crèmes hydratantes. Autre exemple : le dentifrice est principalement constitué d’une émulsion de glycérine végétale.
D’où viennent les arômes des eliquides ?
Les arômes des eliquides sont faits avec les molécules aromatiques de l’industrie alimentaire. Par exemple, les arômes de fruits sont les mêmes que ceux des yaourts aux fruits. Ces molécules sont sélectionnées pour leur compatibilité avec la vape. En France et en Europe, la norme Afnor (XP), précise quelles sont les molécules interdites.
Les molécules aromatiques peuvent être d’origine naturelle ou artificielle. Elles sont assemblées par des aromaticiens pour reproduire ou créer des saveurs.
D’où vient la nicotine des eliquides ?
Elle est extraite des feuilles de tabac, principalement pour en faire ensuite des insecticides. L’industrie pharmaceutique en prend une partie pour la purifier à 99,9%, puis en faire des patchs par exemple. C’est cette nicotine pure qui est utilisée pour la vape. Dans les eliquide, le dosage de nicotine est faible. D’autant plus qu’en Europe, le taux maximum est limité à 20mg/ml (alors qu’il peut être supérieur à 50mg/ml aux États Unis, par exemple).
Plans de tabac
Un eliquide est-il naturel ?
L’une des critiques que l’on entend souvent, quand on est vapoteur, c’est que les eliquides pour cigarette électronique, c’est chimique, donc que ce n’est pas bon. En effet, même s’il existe des arômes naturels, un eliquide n’est pas naturel du tout, ses composants sont issus de l’industrie alimentaire et pharmaceutique. Est-ce un problème ?
Naturel ou artificiel ?
Intuitivement, l’opposition entre naturel et artificiel nous parle. Il semble logique que ce qui est naturel soit bon, digne de confiance, alors que l’artificiel, le chimique, non. Et en effet, un jus de pêches biologiques centrifugé maison est, de tout point de vue, meilleur qu’un sirop de pêche qui n’a jamais vu de fruit.
Pourtant, quand on approfondit un peu, il devient vite évident que ce n’est pas aussi simple.
D’abord, Il y a des tas de produits naturels qui ne sont pas bons pour l’homme, à commencer par le tabac. Le blé lui-même est naturel, c’est un pilier de notre alimentation. Cela ne l’empêche pas de provoquer des allergies sévères chez ceux qui ne supportent pas le gluten.
Le naturel n’est pas automatiquement bon. Ce qui est fabriqué par l’industrie non plus.
Pour autant, tout ce qui est issu de l’industrie n’est pas nécessairement mauvais. Par exemple, le savon est fabriqué par l’industrie chimique, en faisant réagir de l’huile et de la soude. C’est la même soude qui sert de puissant décapant, et qui peut provoquer des brûlures chimiques graves. Pourtant, le savon n’est pas dangereux : après la réaction chimique, il ne contient plus de soude. Par exemple, le traditionnel savon d’Alep est fabriqué en faisant réagir de l’huile d’olive, de l’huile de laurier et de la soude. On le laisse ensuite finir sa réaction pendant 3 à 6 mois.
Bref, cette opposition entre naturel et artificiel, ou chimique, n’est pas très solide. L’important n’est pas là, mais dans les effets pour les fumeurs.
Savon d’Alep
Tabac fumé, ou vapeur sans combustion ?
Oui, le tabac est naturel et la vapeur ne l’est pas. Mais le tabac tue prématurément les fumeurs, alors que la vape les aide à s’en débarrasser.
La vape n’est probablement pas saine à 100%, pas plus que les frites ou les chewing-gums. Elle est juste moins nocive que le tabac, considérablement moins nocive.
Le groupe de chercheurs qui, en 2015 a été missionné par le gouvernement Britannique pour évaluer l’intérêt de la vape, a établi qu’elle était, au minimum, 95% moins nocive que le tabac. Source
Pourquoi ? Pour deux raisons :
- D’abord, parce que la nicotine n’est pas cancérigène, pas plus que la base et les arômes autorisés.
- Ensuite parce qu’un eliquide n’est pas brûlé. C’est la combustion du tabac qui est nocive, en produisant du goudron, monoxyde de carbone et des centaines de molécules chimiques nocives. C’est l’inhalation de cette fumée qui augmente les risques de cancer, d’insuffisance respiratoire et de maladies cardiovasculaires.
La vape ne produit pas de fumée, mais de la vapeur. C’est cette caractéristique qui fait tout son intérêt. Pour un fumeur, la priorité est là : ne plus inhaler de fumée. Le mieux, bien sûr, serait de ne pas fumer, de ne pas vapoter et de manger bio.
Mais les fumeurs fument. En le faisant, ils diminuent leur espérance de vie en bonne santé. L’adoption de la vape élimine 95% de ce risque, et les aide à quitter la fumée, puis la dépendance à la nicotine. C’est dans ce sens que la vape est un substitut intéressant, efficace pour quitter le tabac, et bien moins dangereux que le tabac fumé, fut-elle chimique.
En résumé
Contrairement à ce qu’on entend dire, la composition des eliquides est très bien identifiée. Elle réunit des ingrédients bien connus, sélectionnés et agréés par les autorités de contrôle dans l’industrie alimentaire ou pharmaceutique. Ces industries en maîtrisent parfaitement les procédés de fabrication et de purification.
En Europe, les fabricants de eliquides sont rigoureux et font tout pour améliorer la qualité et l’image de la vape, par exemple en éliminant certains arômes qui, même s’ils sont autorisés par la loi, peuvent poser question.
La vape est au moins 95% moins nocive que le tabac.