On entend parfois parler de l’hypothèse que, si un jeune essayait la cigarette électronique il augmenterait ses chances de fumer des cigarettes de tabac plus tard. C’est ce qu’on appelle l’effet passerelle, un argument très utilisé par ceux qui sont contre le vapotage.
L’Inserm a publié une étude solide qui démontre tout simplement le contraire.
42% moins de risque de devenir fumeur régulier
L’étude de l’Inserm montre que les jeunes qui commencent par essayer la cigarette électronique ont 42% de risque en moins de fumer à 18 ans, par rapport à ceux qui commencent directement par la cigarette de tabac.
Autrement dit, non seulement l’Inserm ne mesure pas d’effet passerelle, mais c’est l’inverse qui se passe.
Un effet passerelle se manifesterait en effet par le fait que les jeunes auraient plus de risque de devenir fumeurs après avoir essayé la vape.
Et c’est bien le contraire que mesure l’Inserm, après avoir interrogé pas moins de 44000 jeunes de 17 et 18 ans.
Plus précisément, sur les 44000 jeunes interrogés, 5616 jeunes ont d’abord essayé de vapoter. Par la suite :
- 42,9 % n’ont pas du tout essayé de fumer,
- 38,4 % ont ensuite essayé de fumer sans devenir fumeur quotidien,
- 18,7 % sont devenus fumeurs quotidiens.
Parallèlement, parmi les jeunes qui ont d’abord essayé la cigarette de tabac :
- 50% sont devenus fumeurs quotidiens à 18 ans.
Une question taboue se pose
Cette étude invite à se poser une question : faut-il maintenir l’interdiction de vapoter aux moins de 18 ans ?
D’un côté, le vapotage étant une pratique de réduction des risques pour les fumeurs, et la cigarette de tabac étant interdite aux moins de 18 ans, il parait logique que le vapotage soit interdit de la même manière.
Pourtant, dans la réalité, au moins un jeune sur deux a essayé la cigarette bien avant 18 ans. Les jeunes accèdent donc facilement à des cigarettes de tabac. Tellement que, à 18 ans, 22% des jeunes de l’échantillon de l’Inserm sont déjà des fumeurs quotidiens.
Doit-on alors s’en tenir à la loi, ou à la réalité ? Faciliter l’accès des jeunes à la cigarette électronique pourrait-il aider :
- les fumeurs de moins de 18 ans à s’arrêter tant que cela est encore relativement facile ? (moins longtemps on a fumé, moins il est difficile d’arrêter)
- les jeunes qui ont envie d’essayer de fumer, à ne pas passer à la cigarette de tabac ?
Question délicate, mais qui mériterait d’être discutée objectivement dans le cadre d’une politique de réduction des risques.
Sources : abstract de l’étude de l’Inserm, Sos Addictions, Sovape