Le CBD, qui est un cannabinoïde sans effet psychotrope, a ouvert la voie vers de nouveaux usages légaux du cannabis.
Depuis, les fabricants rivalisent d’inventivité pour élaborer de nouveaux produits du cannabis. Certains expérimentent d’autres cannabinoïdes extraits des fleurs de cannabis (CBN, CBG…), tandis que d’autres les transforment pour modifier leurs effets, notamment par hydrogénation avec le H4CBD ou le HHCPO.
Quelle est cette méthode ? Quels en sont les intérêts ou les risques ? Ces produits sont-ils légaux ?
(Article mis à jour en Juin 2024)
Depuis Juin 2024, la plupart de cannabinoïdes de synthèse sont interdits en France : H4CBD, HHC, HHCPO, THCP, VMAC…
Cet article est donc maintenu pour information, et parce que même si ces cannabinoïdes sont désormais interdits, il n’en reste pas moins que certains utilisateurs sont à la recherche de molécules récréatives issues du cannabis, tant que celui-ci ne sera pas légalisé.
Les usages du cannabis
Depuis le néolithique (invention de l’agriculture) et jusqu’à aujourd’hui, les humains font deux usages du cannabis :
- Un usage médicinal : la tradition médicinale, mais aussi des recherches actuelles reconnaissent en effet que le cannabis peut avoir des effets bénéfiques dans certaines affections, comme par exemple la sclérose en plaques, certaines formes d’épilepsie, les douleurs neuropathiques et les conséquences des traitements contre le cancer.
- Un usage récréatif : le cannabis, qu’il soit fumé ou ingéré, provoque une euphorie, une désinhibition et un sentiment de bien-être apprécié par les utilisateurs.
C’est en 1964 que le chimiste Isrélien Raphael Mechoulamet découvre l’origine principale des effets du cannabis : il identifie en effet le tétrahydrocannabinol (THC), responsable des effets psychotropes, et le Cannabidiol (CBD), sans effets psychotropes. Dans les 30 années qui suivent, les chercheurs découvrent progressivement d’autres molécules produites par le cannabis : les cannabinoïdes. Il en existe en tout une centaine.
Par ailleurs, les chercheurs comprennent que les mammifères, et en particulier les humains, produisent eux-mêmes des cannabinoïdes, les endocannabinoïdes, qui servent de transmetteurs pour le système nerveux central (récepteurs CB1), et le système immunitaire (récepteurs CB2). C’est en interagissant avec ces récepteurs que les cannabinoïdes végétaux du cannabis font leurs effets, médicaux ou récréatifs.
Ils commencent aussi à développer des médicaments basés sur des cannabinoïdes, le nabilone par exemple, qui traite les nausées graves et les vomissements.
La législation du cannabis
La consommation de cannabis était interdite en France depuis la 1° guerre mondiale, comme sa culture et son commerce. En France, les sanctions encourues font partie des plus lourdes en Europe. Elles peuvent aller jusqu’à des peines de prison pour une simple consommation.
Mais, depuis que la consommation, la commercialisation et la culture du CBD sont devenues légales en 2020, cela change la donne. Il est donc important de bien comprendre l’esprit de la loi pour éviter toute confusion.
Le principe, c’est que la loi n’autorise rien : elle ne peut qu’interdire. Et elle doit le faire avec précision, pour nuire le moins possible aux libertés individuelles.
Ainsi, la “drogue” n’est pas interdite : ce terme est beaucoup trop vague. Les interdictions doivent porter sur des substances précises et pour des raisons objectives.
Il existe donc une liste officielle des produits interdits par la loi, tous motivés par des arguments de santé publique*.
Si un produit figure sur la liste, il est interdit. S’il n’y figure pas, il ne l’est pas.
Le THC et ses dérivés figurent sur cette liste. Le cannabis qui en contient est donc de fait interdit, pour cette raison.
Mais si la plante de cannabis n’en contient pas, est-elle interdite ?.
Le CBD montre que non : la culture et la commercialisation de Cannabis CBD ne sont pas interdites. Elles sont toutefois très encadrées, et vous n’avez pas le droit d’en faire pousser dans votre jardin. Seuls les agriculteurs professionnels peuvent le faire. Ils doivent être déclarés et contrôlés, et ils ne peuvent cultiver que certaines variétés précises de Sativa L, celles qui ne produisent presque pas de THC (moins de 0.3%).
Du cannabis aux cannabinoïdes
Vous l’avez compris, ce que le CBD a changé, c’est que la loi n’interdit pas le cannabis en général, mais un cannabinoïde précis, le THC et ses dérivés directs.
Or, dans le cannabis, il n’y a pas que ces deux cannabinoïdes, il y en a une centaine d’autres (quoi qu’en quantité beaucoup plus faible), et ils ne figurent pas dans la liste.
Voilà pourquoi les fabricants cherchent à mettre au point des produits basés sur d’autres cannabinoïdes, dont les effets récréatifs pourraient satisfaire les amateurs.
C’est aussi la raison pour laquelle ils cherchent à créer d’autres cannabinoïdes, par synthèse ou en modifiant des cannabinoïdes naturels. L’hydrogénation est dans ce sens une méthode prometteuse et bien maîtrisée par les laboratoires.
Notons au passage que nous parlons donc ici de cannabis récréatif, et pas de cannabis médical. Ni le CBD, ni les autres cannabinoïdes ne peuvent revendiquer des propriétés médicales s’ils ne font pas l’objet de recherches scientifiques et d’un protocole d’autorisation de mise sur le marché.
Dans cet article, nous nous intéressons avant tout aux usages récréatifs. Si les usages médicaux vous intéressent, nous vous proposerons bientôt un article sur le sujet.
Des cannabinoïdes d’intérêts
Dans le domaine récréatif, les fabricants mènent donc aujourd’hui des recherches pour déterminer les intérêts des différents cannabinoïdes qu’ils peuvent extraire du cannabis.
En voici quelques exemples :
- Le CBN, pour Cannabinol. C’est une molécule qui se forme par oxydation du THC pendant le séchage des fleurs, lorsqu’elles sont exposées à la lumière. Il n’est pas considéré comme psychotrope, mais il pourrait avoir un effet relaxant, voire “planant”, par ses propriétés sédatives.
- Le CBG, pour Cannabigerol. C’est le précurseur de la plupart des cannabinoïdes. Autrement dit, la plante produit d’abord du Cannabigerol, qui est ensuite progressivement transformé en CBD, CBC et THC pendant la maturation de la fleur.
- Le CBVD, pour Cannabidivarine, est une molécule très proche du CBD lui-même.
Ces exemples sont quelques-uns des cannabinoïdes que les laboratoires sont capables d’extraire de la plante, et leurs effets restent à l’étude. Beaucoup de spécialistes font toutefois l’hypothèse d’un phénomène important concernant le cannabis : l’effet d’entourage.
Le principe serait que les effets du cannabis ne soient pas dus à tel ou tel cannabinoïde isolé, mais à leurs interactions, voire à leurs interactions avec les terpènes (les molécules aromatiques du cannabis), et les flavonoïdes (les pigments).
C’est le principe d’un des produits désormais interdit, le VMAC, proposé par le fabricant Français White Rabbit. C’était un mélange de CBD et d’autres cannabinoïdes comme le HHCPO et le THCP.
Voici quelques exemples de VMAC :
Qu’est-ce qu’un cannabinoïde hydrogéné ?
L’hydrogénation, c’est tout simplement le fait d’ajouter des atomes d’hydrogène (H), à des molécules existantes. Cela peut se faire en laboratoire, mais aussi naturellement, dans la nature. C’est par exemple le cas du THC :
- Comme tous les cannabinoïdes, le THC est un assemblage d’atomes de carbone, d’hydrogène et d’oxygène. Sa formule générale est C21H30O2, soit 21 atomes de carbone, 30 d’hydrogène et 2 d’oxygène
- Mais le TCH est en fait une molécule de cannabinol (C21H2602), à laquelle sont ajoutés 4 atomes d’hydrogène (H4), d’où son nom : trétra-hydro-cannabinol (H4-C21H2602)
- Autrement dit, le THC, c’est du cannabinol hydrogèné.
Cette hydrogénation se fait naturellement dans la plante, grâce à la photosynthèse. En effet, le THC ou le CBD ne sont pas produits directement par la plante. Le chanvre produit d’abord du cannabigérol, qu’il transforme ensuite en CBD, ou en THC, entre autres par hydrogénation.
Toutefois, quand on parle d’hydrogénation d’un cannabinoïde, on ne parle pas du processus naturel dans la plante, mais d’une transformation volontaire en laboratoire.
C’est un procédé assez simple et bien maîtrisé, qui se base sur des catalyseurs. L’industrie agro-alimentaire s’en sert par exemple pour faire de la margarine à partir d’huiles.
De nouveaux cannabinoïdes
Il est important de bien comprendre qu’un cannabinoïde hydrogéné est une nouvelle molécule, dont les propriétés sont différentes.
Ainsi par exemple, le CBD hydrogéné (H4CBD) n’est pas un super CBD, mais un cannabinoïde original, qui n’agit pas de la même manière avec les récepteurs CB1 et CB2 du système endocannabinoïde humain :
- Le CBD agit peu sur les récepteurs CB1 et CB2, cela explique en partie ses propriétés plutôt relaxantes et non psychotropes.
- Le H4CBD semble interagir plus fortement avec ses récepteurs, ce qui expliquerait ses propriétés à la fois relaxantes et euphorisantes, évoquées par les amateurs.
Attention au “cannabis de synthèse”
Vous aurez remarqué que, dans cet article, nous parlons de cannabinoïdes hydrogénés, mais pas de “cannabis de synthèse”. C’est que ce terme désigne aussi d’autres produits, tout à fait illégaux, et qui n’ont rien à voir avec le cannabis, hormis leurs noms.
Il s’agit plutôt de molécules fabriquées par des laboratoires clandestins et vendues illégalement par des trafiquants, qui promettent des effets similaires à ceux du THC.
Buddha Blue, K2, PTC (pète ton crâne), Spice, Chill X, Smoke, Algerian Blend, sont autant de produits que vous ne trouvez pas dans les magasins de CBD, ni même dans les shops de cannabis situés dans des pays où il est légal. Ils se présentent le plus souvent sous la forme d’herbe à fumer imprégnée de produit, mais existent aussi sous la forme d’encens, de poudre ou d’e-liquide à vapoter.
Ces produits sont dangereux, en particulier parce que vous ne pouvez pas savoir de quoi ils sont constitués, ni quels sont leurs effets réels. Leurs réseaux de vente et de fabrication ne sont motivés que par l’argent : ils n’ont aucune considération pour la santé des utilisateurs.
Au Etats Unis par exemple, en 2019, plus de 2700 personnes ont été hospitalisées avec des symptômes graves de pneumopathie* après avoir vapoté de e-liquides prétendument au THC. 60 d’entre eux sont morts, malgré des soins intensifs. Après enquête du CDC, il s’avère que les e-liquides de contrebande qu’ils avaient vapoté contenait des produits très nocifs en inhalation, en particulier un dérivé de vitamine E.
Quels sont les cannabinoïdes hydrogénés actuels ?
Cette technique est en plein développement, les fabricants proposant de nouvelles molécules, dans une logique récréative. Contrairement au CBD, dont le motif principal de consommation est le bien-être, la relaxation et l’éventuelle automédication, les cannabinoïdes hydrogénés visent des résultats clairement festifs.
À l’heure ou nous écrivons ces lignes, nous connaissons 4 produits issus de l’hydrogénation de cannabinoïdes : le HHC, le H4CBD, le THCP et le HHCPO.
(ndlr : ce sont justement ces molécules qui sont interdites en France depuis Juin 2024)
Le HHC (hexahydrocannabinol)
Le HHC se forme naturellement dans les fleurs de cannabis, mais seulement à l’état de trace. C’est la lumière en particulier et les UV qui transforment le THC en HHC dans les feurs. Depuis les années 50, on sait comment transformer du THC en HHC : par hydrogénation.
D’après les témoignages, le HHC produit des effets puissants, proches de ceux du THC (Head High).
En effet, comme le THC, il se lie aux récepteurs CB1, quoique plus faiblement, ce qui lui donnerait un caractère psychoactif, mais plus doux.
Sa commercialisation et son succès en 2022 ont motivé les autorités sanitaires à étudier ce nouveau cannabinoïde, pour conclure que sa proximité avec le THC était manifeste, et que ses effets produisaient des risques similaires sur les plans sanitaires et sociaux, justifiant son interdiction par l’ANSM en Juin 2023.
Le HHC était commercialisé, et donc consommé sous les 4 formes traditionnelles du cannabis :
- Fleurs : ce sont des fleurs de CBD imprégnées de HHC, pour être fumées ou utilisées en tisanes.
- Résine : pâte contenant du HHC, destinée à être répartie dans du tabac pour être fumé dans des joints.
- Huiles : HHC dissous dans des huiles, pour un usage oral (sublingual).
- E-liquide : HHC dilué dans une base PG/VG et aromatisé pour être vapoté dans une cigarette électronique
Le H4CBD (tetrahydrocannabidiol)
Le H4CBD n’existe pas dans la nature. C’est une molécule semi-synthétique, fabriqué par hydrogénation du CBD, lui-même extrait du cannabis. Il est souvent présenté comme un super CBD, alors que ses effets et ses modes d’action sont différents.
D’après les témoignages, le H4CBD produit des effets qui sont effectivement un mélange entre ceux du CBD (relaxation, détente), et ceux du HHC(excitation, euphorie légère).
Cela s’explique probablement par le fait qu’il se lie plus facilement avec les récepteurs CB1 et CB2, alors que le CBD s’y relie peu. Il aurait donc un caractère légèrement psychoactif.
Sa commercialisation en 2023 n’a pas encore motivé d’étude par les autorités sanitaires. Il reste donc en vente libre en France aujourd’hui. L’ANSM s’y intéressera probablement rapidement.
Le H4CBD est commercialisé et consommé sous les 4 formes traditionnelles du cannabis :
- Fleurs : ce sont des fleurs de CBD imprégnées de H4CBD, pour être fumées ou utilisées en tisanes.
- Résine : pâte contenant du H4CBD, destinée à être répartie dans du tabac pour être fumé dans des joints.
- Huiles : H4CBD dissous dans des huiles, pour un usage oral (sublingual), ou en onguent.
- E-liquide : H4CBD dilué dans une base PG/VG et aromatisé pour être vapoté dans une cigarette électronique
Voici quelques exemples de produits proposant du H4CBD :
Le HHCPO (Hexahydrocannabiphorol-O-acétate)
Le HHCPO est une molécule de synthèse qui n’existe pas à l’état naturel. Elle est produite par hydrogénation du tétrahydrocannabiphorol (THCP), pour obtenir de l’hexahydrocannabiphorol (HHCP), puis acétylée pour obtenir l’hexahydrocannabiphorol-O-acétate (HHCPO).
D’après les témoignages, le HHCPO produit des effets puissants, très proche de ceux du HHC. Il a donc lui aussi un net caractère psychoactif, a priori plus doux que celui du THC, mais ce sentiment varie selon les témoignages.
Sa commercialisation en 2023 n’a pas encore motivé d’étude par les autorités sanitaires. Il reste donc en vente libre en France aujourd’hui. L’ANSM s’y intéressera probablement très rapidement, comme elle l’a fait pour le HHC et ses dérivés (HHCP et HHCO).
Le HHCPO est principalement commercialisé sous la forme de e-liquide, dilué dans une base PG/VG et aromatisé pour être vapoté dans une cigarette électronique.
Voici quelques exemples de produits proposant du HHCPO :
Cannabinoïdes hydrogénés : des effets indésirables ?
Les cannabinoïdes hydrogénés proposent des expériences de bien être qui sont appréciés des amateurs.
Cependant, comme toute molécule psychoactive, les cannabinoïdes naturels ou hydrogénés peuvent aussi avoir des effets indésirables.
Il est donc important de les connaître, pour les consommer de manière avertie, et pour agir avec prudence.
Ces risques peuvent venir de la molécule elle-même, ou que son mode d’administration. Or, si le cannabis, le THC et le CBD sont bien connus, ce n’est pas le cas de ces nouvelles molécules. Il est important que des scientifiques indépendants réalisent des études plus poussées pour mieux les connaître.
Voici les éléments d’attention connus à ce jour, que nous compléterons au fil des avancées scientifiques, pour vous permettre de faire des choix éclairés.
Les risques de sous-vigilance
Tous les cannabinoïdes, à commencer par le CBD, modifient votre état de conscience, et diminuent donc plus ou moins votre vigilance.
C’est clairement un danger dans des activités qui demande de l’attention, que ce soit la conduite d’un véhicule ou d’une machine, la surveillance d’enfants autour d’une piscine, ou simplement un travail qui demande de la concentration.
Il est donc déconseillé, et dans certains cas interdit par la loi, de consommer ce genre de produits lorsque vous devez être concentré sur vos activités.
Les risques juridiques
C’est une conséquence du point précédent, en particulier sur la route. Le conducteur d’un véhicule est tenu de se maintenir en état de vigilance. Toute consommation de produits qui diminuent cette vigilance est déconseillée, voire interdite, que ce soit des médicaments, de l’alcool ou des psychotropes.
En ce qui concerne le cannabis et ses dérivés, les forces de l’ordre peuvent procéder à des tests qui détectent la présence de THC dans le sang des conducteurs.
Les cannabinoïdes hydrogénés étant récents, nous ne savons pas encore comment ces tests réagissent à leur présence. Ce qui est certain, c’est que la consommation de CBD peut déboucher sur un contrôle positif (rarement, mais c’est arrivé).
Or, en cas de contrôle positif, il n’est plus possible aujourd’hui de se défendre en prouvant que l’on ne consomme qu’un cannabinoïde autorisé, comme le CBD. Un arrêt de la cour de cassation fait en effet jurisprudence : si le test est positif, la loi considère que votre état de vigilance est altéré.
Il faut savoir de surcroît que les cannabinoïdes sont solubles dans les graisses, notamment celles du corps humain. C’est ainsi que vous pouvez être contrôlé positif au THC plusieurs jours après en avoir consommé. Il peut en aller de même avec d’autres cannabinoïdes.
Les risques liés à la fumée
Les cannabinoïdes naturels ou hydrogénés sont souvent consommés sous la forme de fleurs ou de résine à fumer : c’est la méthode la plus traditionnelle.
Or, il est bien connu maintenant que la fumée de toute cigarette est cancérigène, et favorise les maladies cardiovasculaires. Dans le tabac, ce n’est en effet pas la nicotine qui induit les risques, mais la combustion des feuilles. Que ces feuilles soient du tabac, du cannabis ou de la laitue ne change rien : les goudrons, les produits chimiques et le monoxyde de carbone créés par la combustion sont les véritables causes des maladies dont sont victimes les fumeurs.
Nous vous conseillons donc vivement de consommer vos dérivés de cannabis sous la forme d’huile à ingérer, ou de e-liquide à vapoter. Vous aurez d’ailleurs remarqué que, dans nos exemples, nous n’avons montré que des produits qui ne sont pas à fumer.
La cigarette électronique et les e-liquides réduisent en effet la plus grande part des risques liés à la fumée. Le Ministère de la Santé Britanique a établi dès 2015, au terme d’une large étude transversale, que la cigarette électronique est, au minimum, 95% moins nocive que la fumée.
Les risques spécifiques à chaque molécule
C’est le point sur lequel nous manquons encore d’information concernant les cannabinoïdes naturels différents du THC ou du CBD, et sur les cannabinoïdes hydrogénés.
Concernant le HHC, l’ANSM a justifié sa décision de l’interdire par l’identification d’effets indésirables, similaires à ceux du THC : possibilité d’apparition de tremblements, vomissements, anxiétés, bad-trips, confusions mentales, malaises, tachycardies, douleurs thoraciques ou de tension excessive.
En attendant que l’ANSM ou d’autres institutions étudient en détail les nouvelles molécules, nous vous invitons donc à la prudence. Considérez par exemple que plus un cannabinoïde est actif, efficace, plus il est important de le consommer avec précaution, en restant à l’écoute de vos réactions, et en ne le faisant pas seul, mais avec des personnes de confiance.
Consultez votre médecin rapidement, ou le CJC de votre région, si vous observez des effets négatifs.
Les risques spécifiques pour les jeunes
Les molécules psychoactives agissant sur le cerveau et le système nerveux central, et nous savons aujourd’hui que les jeunes sont plus exposés à des conséquences psychologiques, neurologiques ou cognitives que les adultes.
Le cerveau se développe en effet progressivement, pour ne compléter son évolution qu’autour de 20 ans. Durant cette période, en modifiant le fonctionnement du cerveau, les psychoactifs ont un impact sur son développement, qui est d’autant plus important selon que :
- Le consommateur est jeune
- La consommation est régulière
C’est pourtant à l’adolescence que les jeunes ont envie de faire des expériences, et qu’ils peuvent traverser des périodes de transformation plus ou moins faciles à vivre.
Nous savons bien par ailleurs que les interdictions et les injonctions morales à ne pas consommer d’alcool ou de cannabis ne sont pas suffisantes pour éviter ces expériences. Nous vous invitons au moins à le faire dans de bonnes conditions, en sécurité, de manière modérée, et exceptionnelle.
Une consommation très régulière est toujours le signe d’un mal-être, qui renvoie au point suivant sur la question de la dépendance, et qui mérite un suivi, par exemple en consultant un CJC.
Les risques de dépendance
La dépendance est un phénomène complexe, qui est loin de se résumer à une addiction physiologique. Nous savons en effet que certains produits, comme la nicotine, provoquent une dépendance physiologique puissante. Cela ne sembla pas être le cas du cannabis, il n’en est pas moins possible de développer une addiction comportementale et psychologique si vous consommez régulièrement du cannabis ou des cannabinoïdes.
Il arrive en effet que l’on consomme des psychoactifs non pas ponctuellement, pour s’amuser, mais durablement, pour se sentir mieux, ou aller moins mal.
C’est clairement un signe d’alerte : le psychoactif vous fait du bien, mais il peut aussi vous empêcher de vous attaquer aux véritables causes de votre mal-être.
C’est comme de prendre du paracétamol pour réduire la fièvre : on se sent mieux, mais ça ne règle pas la question de pourquoi on a de la fièvre.
Si vous vous demandez si vous êtes dépendant ou non, vous pouvez vous servir du questionnaire de Addict’Aide. C’est un site d’information sérieux et respectueux des personnes.
En conclusion
Nous commençons à peine aujourd’hui à mieux comprendre les modes d’actions des cannabinoïdes produits par le cannabis.
Sur le plan médical, des recherches et des expérimentations sont en cours, pour déterminer comment le cannabis ou des médicaments dérivés pourraient aider à traiter des affections pour lesquelles il n’existe pas d’alternatives efficaces.
Sur le plan récréatif, le CBD et son succès incitent les fabricants et les amateurs à expérimenter d’autres cannabinoïdes, naturels ou semi-synthétiques, pour disposer d’alternatives légales au cannabis avec THC, toujours interdit en France.
Pour en savoir plus, voici les principales sources des informations que nous avons consultées pour documenter nos articles sur le CBD, le Cannabis et les Cannabinoïdes :
Midelca : mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites adictives.
Laurent Venance : Système endocannabinoÏde central
Wikipédia : Cannabinoïde, Effets du cannabis sur la santé
Europe : Les législations sur le cannabis dans l’Union européenne
Sénat: La dépénalisation et la légalisation du cannabis
Inserm : Cannabis médical : un écran de fumée ?
Neurocentre Magendie : Type-1 cannabinoid receptors and their ever-expanding roles in brain energy processes
Gouvernement : Le cannabis thérapeutique : l’expérimentation est prolongée d’un an, Arrêté “CBD” du 30 décembre 2021
Médecin du Québec : Pneumopathie
ANSM : classement du HHC et deux de ses dérivés sur la liste des stupéfiants
Université de Lille : Hydrogénation de la matière grasse
Addict’Aide : portail d’information sur les addictions, Test Alac Cannabis
Drogue info service : Information sur les drogues et conseils de prévention
CNRS : Drogue au nom de la loi
Fédération addiction : CBD, Cannabis et Cannabis thérapeutique
OFDT : Point sur le cannabis et ses usages
Drogue Info Service : Consultation des jeunes consommateurs